La BD santé mentale : danger ou progrès ?

Science et littérature convergent ! Depuis quelques années fleurissent sur les étals des libraires des bandes dessinées (BD) d’un nouveau genre. Se rétablir de Lisa MENDEL, paru en 2022, Le Club des Anxieux qui se soignent, publié par Frédéric FANGET en 2023 aux Éditions Les Arènes, ou tout récemment Je ne suis pas folle, de Clara VIALLETELLE. Leur point commun ? Elles osent la vulgarisation scientifique en bulles. La BD associée aux sciences de la santé offre une accessibilité à la connaissance déconcertante. Elle semble pourtant casser les codes d’un domaine aussi fondamental qu’émérite. La BD santé mentale est-elle synonyme de danger ou de progrès ? Par ailleurs, l’étude des pratiques de lecture apporte un éclairage sur l’évolution de la société. L’essor de la BD est-il un marqueur de facilité dans notre civilisation moderne ? Découvrez les arguments d’un débat enflammé où plane le spectre de la sentence du bûcher !

La BD, le genre gagnant d’une époque épique

Contrairement aux idées reçues, de plus en plus de Français s’adonnent à la lecture. 7 personnes sur 10 déclaraient en 2014 avoir lu au moins un livre dans l’année contre près de 9 sur 10 en 2023. Cependant, le temps de lecture quotidien accuse une baisse significative. D’après l’enquête du Centre National du Livre (CNL) de 2023, les Français passent en moyenne 5 fois plus de temps par jour devant un écran qu’à lire – hors activité professionnelle. Vous aussi, vous avez déjà mis en pause un livre pourtant commencé avec exaltation ? Embarqué(e) dans le tourbillon du quotidien, où le scroll sert parfois de soupape, les semaines et les mois passent et votre compagnon chapitré tombe dans l’oubli. Vous n’êtes pas seul(e) ! Le temps disponible pour la lecture reste un enjeu crucial. À la fois un frein dans une société où tout va vite, il demeure néanmoins attrayant. Ce temps, c’est celui d’un moment suspendu, où l’on se ressource, enfin. D’ailleurs, certains genres littéraires prospèrent malgré les embûches. La BD enregistre par exemple une hausse de lecteurs de 14% depuis 2021 et se classe dans le top 3 des genres les plus lus. Le plaisir de plonger dans des planches récréatives date du siècle dernier. Mais que penser des BD traitant de sujets scientifiques comme la santé mentale ?

Des supports atypiques aux repères ordinaires

Au Printemps, je suis allée à un Salon du Bien-Être en Aveyron. Quelle ne fut pas ma tentation lorsqu’en sortant d’une conférence, j’aperçois le stand d’une librairie. Ni une, ni deux, je vagabonde le long du présentoir et mon regard s’arrête soudain. J’ai déniché une BD portant sur l’anxiété. Alors que ce sujet m’intéresse, je me mets à feuilleter l’ouvrage. Son apparence ludique et pédagogique me plaît. Je l’achète ! Une fois rentrée avec ma trouvaille, un certain scepticisme commence pourtant à s’installer. L’auteur du livre est-il compétent ? Je fais quelques recherches rapidement concluantes. Il s’agit d’un médecin psychiatre reconnu et spécialisé. Je discerne alors son approche spécifique, premier pas vers l’analyse de ses apports et de ses limites. Cette histoire montre que le genre littéraire importe moins que les références de l’auteur. En littérature comme dans la vie, on ne consulte pas n’importe qui. Et alors, me direz-vous ? Cette BD m’a-t-elle apporté quelque chose ? Oui, elle m’a enrichie de définitions et informée sur des pratiques thérapeutiques. J’ai pu défricher un champ de connaissances en peu de temps. Toutefois, j’ai réalisé qu’il manquait une perspective que j’avais déjà rencontrée ailleurs. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de continuer à explorer cette approche complémentaire. Vive la pensée critique ! La fiabilité de l’auteur d’une BD de vulgarisation scientifique prévaut donc. Quid de la forme d’un tel ouvrage ? Comment intervient-elle dans l’expérience du lecteur ?

Un regard plus léger sur la santé

95% des Français sont stressés ou anxieux d’après un rapport de l’Institut Français d’Opinion Publique (IFOP) de 2022. Le premier pas pour aller mieux est d’en prendre conscience. Libre à chacun ensuite de s’informer sur le sujet le ou la concernant. Or, la littérature scientifique, aussi précieuse soit-elle, privilégie l’exactitude. Vous avez déjà imaginé de sombres scénarios en consultant les notices de médicaments ? La santé personnelle inquiète 33% de la population. Dans un contexte anxiogène, sur fond d’inflation, de crise climatique et de conflits dans le monde, limiter les déclencheurs de stress ou d’anxiété compte. C’est ainsi que la BD de vulgarisation scientifique fait son entrée. Elle apporte humour et légèreté à des sujets sérieux pour dédramatiser les tracas. Certes, certains raccourcis sont inexorablement employés. Mais leur style allège le poids des mots. Vous me direz : mais certaines BD transpirent la noirceur et la détresse ! Et vous avez raison : de nombreux genres gravitent dans la BD : science-fiction, aventure, manga, … Néanmoins, si l’on considère en particulier la BD santé mentale, on constate qu’auteurs comme illustrateurs s’arment de techniques récurrentes comme l’humour pour séduire leurs lecteurs. De là à considérer la BD comme une lecture facile, il n’y a qu’un pas. Et si l’on considérait ses avantages uniques ? C’est un support idéal en cas de temps ou d’énergie limités. Choisir un livre selon ses besoins constitue un acte bienveillant envers soi. D’ailleurs, la bibliothérapie abonde dans ce sens et même au-delà. Dans cette discipline théorisée à partir des années 1960, le livre devient un outil de soin.

En bref : La BD santé mentale, un vecteur novateur

Que vous soyez toujours là ou arrivé(e) à l’essentiel selon vos propres termes, bienvenue dans la conclusion ! Le sujet de santé mentale en BD fait l’actualité, alors que la lecture évolue au fil du temps. Afin d’éviter l’écueil de la désinformation, des précautions de base s’imposent. Comme pour tout choix de livre, les références de l’auteur font gage de qualité. « Tout ce qui brille n’est pas d’or ». De ce point de vue, la BD santé mentale suit la règle. Esprit critique, discernement et prise de recul sont autant de qualités entraînées par le loisir de la lecture, y compris en amont. Par ailleurs, l’attrait de la BD traitant de santé mentale dépasse le simple vernis cosmétique. Elle propose une autre manière d’accéder à l’information, dans un style plus léger et décomplexé. Dans une société souvent anxiogène, c’est un atout non négligeable. Avoir à disposition ce nouveau genre enrichit l’offre littéraire. Il se veut complémentaire à d’autres types d’ouvrages car il s’adapte aux contraintes de temps et d’énergie. À l’instar de la bibliothérapie, choisir un livre selon ses propres besoins s’apparente à un acte bienveillant. Enfin, choisir une BD quand bon vous semble ajoute de la diversité à votre horizon littéraire. Et vous, avez-vous déjà lu une BD de vulgarisation scientifique ?

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